Louise Desrenards on Mon, 14 Mar 2005 06:57:28 +0100 (CET)


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[nettime-fr] l'Etat déliquescent (climat et suite de l'affaire Battisti)


l'Etat déliquescent/ Elle, nos mails, la police - la LEN ?

(pardon pour la longueur - mais là il s'agit de faire une recension de la
situation, puis d'informer sur la suite du procès Battisti, et enfin d'en
faire une analyse diligente mais précise, au vu d'un état problématique du
droit et des lois).


1. La situation générale est obscure.

2. La lettre de Fred Vargas aujourd'hui.

3. La suite des la défense pour Battisti

4. ÉLÉMENT NOUVEAU :

5. Se remobiliser pour Battisti et les réfugiés politiques pour nos propres
droits contre EU Big Brother


=============================
1. La situation générale est obscure


Quand la pieuvre avance, il faut reculer pour prendre du champ. Mais si déjà
elle nous oppresse, alors il faut crier pour dire qu'elle est là.

Il faut que tout le monde sache ce qui nous arrive, car même en plein
mouvement social puissant et nombreux, rien ne fait peur au pouvoir des
barbouzes qui talonnent nos petites vies sacrificielles, laborieuses et
lucratives non syndiquées (et pour cause), ou chômées et voyant les SDF
dormir dans le froid même quand la mort peut en survenir.

On ne dit même plus combien sont morts les dernières semaines. On ne dit
même plus qu'il en
meurre.

On nous abuse sur tous les plans d'autant plus dangereusement que cette
répression se délocalise de plus en plus, arrive à des gens très divers par
leurs idées et par leur statut social à propos du soutien à Battisti, et je
dirai plus il devient certain que l'erreur judiciaire est volontairement
consommée à d'autres fins, plus le soutien est légitime et donc d'autant
moins combattif et communiquant, plus le contrôle tentaculaire de la police
instrumentée par le la justice mafieuse et le gouvernement qui dicte la loi
au lieu de s'y soumettre pour sa propre part représentative des pouvoirs
séparés, plus nous avançons vers l'innommable et l'irréversible.

Dominique de Villepin qui était un type intéressant est fichu. Jacques
Chirac l'a "tué" comme tous les politiques intéressants de son entourage :
il les a tous "tués" pour ne pas avoir de remarquables rivaux élus dans son
voisinage. Il n'y a plus de garde-fou du pouvoir depuis que l'ascendant de
Dassault, ami allié du Président et qui tient une entrée directe sous le
ministère des armées, et des marchands d'armes forts en finance, tous au
pouvoir quasiment exclusif du conseil et de la communication français,
tenant la seule agence de Presse internationale française, l'AFP (et ayant
interdit d'en constituer de nouvelles depuis un an), et les Seguières à
l'assaut des droits voisins pulvérisant les droits d'auteur sous couvert de
les défendre, du MEDEF qui s'imaginait la chose gagnée à l'horizon d'un Euro
qui ne dévaluerait jamais, de la droite israélienne en ingérence dans les
lobbies de l'Elysée, sont venus éponger la peur, l'horrible peur, la terreur
de la conséquence des affaires, quand Jupé, le technocrate le plus
républicain de la bande quoique rigide, est tombé - parce que l'affaire
Jupé, ce n'était pas seulement pour Chirac perdre son conseiller préféré,
c'était aussi voir son aile avancée tomber - avant lui.

On a toujours tort de lancer des affaires contre un régime ni bon ni mauvais
; parce que le dictateur, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce
n'est pas l'abus par l'empereur mais l'auto-protection du survivant qui le
désigne (Elias Canetti). François Hollande et Ségolène Royale, qui passèrent
en d'autres moments leur temps à faire propre, pourtant s'affairent en
étrange désinformation à propos du vote pour le référendum, après qu'ils
aient couvert dans une voix unanime avec celle du pouvoir, à l'assemblée
nationale, la modification de la constitution française ainsi harmonisée
avec la constitution européenne, par anticipation de la décision populaire.

Quant on en est là, quand tout le dispositif électoral sur lequel s'appuie
une république est bafoué par l'union des partis à la Chambre, alors en
effet, comme disait Emmanuelli, on peut faire des rapprochements avec la
France juste avant l'occupation, où les voix socialistes sécuritaires unies
aux doriotistes votèrent Pétain, ou bien encore, quand le gouvernement de
Guy Mollet décida d'envoyer le contingent en Algérie. Ici il s'agit du Moyen
Orient. Et de l'Europe aux mains des pires intrigues et ingérences.

Nous en avons un exemple avec le négationnisme des insignes totalitaires
(c'est comme les chambres à Gaz (rasons-les) faisons les disparaître, et
après, nous pourrons dire que cela n'a jamais existé... ou plutôt oui, mais
on ne sait plus où ni comment, alors on ne saura pas discerner les symptomes
d'éventuelles réapparitions. Quand à la faucille et au marteau, ou à la
croix gammée : personne ne se souviendra plus de l'état d'esprit des
sociétés, de l'injustice face à la production de l'époque industrielle, du
rationalisme gestionnaire, qui y prééxistèrent. La croix gammée depuis, si
elle a été reprise par les néo-nazis, a autant été utilisée par les punks
pour désigner les manipulations et les abus dans la Presse et ce n'est pas
cela qui a agi, l'icône, mais les bras tendus en signe de soumission. La
faucille et le marteau furent des symboles des peuples révoltés à l'assaut
du pouvoir avant que le pouvoir n'en abuse, etc...

Aucun totalitarisme n'est réduit à son iconographie. Aucune iconographie
n'est réduite à un totalitarisme sauf circonstanciellement. On le voit
aujourd'hui, car les pouvoirs en place, les plus abusifs ne brandissent pas
des palanquins facilement repérables, pire, ce sont les discours sur l'homme
libre qui justifient les crimes de guerre en forme d'extermination... Ce qui
fait la substance des totalitarismes est tout autre ; où nous ne voulons pas
l'envisager comme extrême objectif du rationalisme de la structure,
désinformation administration et gestion, il reviendra - il revient sous
d'autres aspects sans apparat parce que tout simplement l'administration, la
plannification, ne l'ont jamais abandonné même pas juste après la guerre, et
il a mené au monde auquel nous sommes aujourd'hui confrontés.

Tout cela, l'Europe qu'on nous propose, celle de la croyance et du
négationisme généralisé sous couvert de célébrations, (quand on fait
disparaître les traces on n'a plus qu'à croire l'histoire au lieu de la
vérifier), celle de la dérision des élections représentatives - bafouées -
aux pactes non respectés - par des lobbies experts et financiers qui
instrumentent la fin de l'autonomie critique et de la conscience en
politique, sous l'attente des bureaucraties et de l'oligarchie... tout cela
est non seulement lamentable mais angoissant pour nos enfants et petits
enfants.

On nous parle de dette publique - de rembourser la dette. Mais les
Etats-Unis sont aujourd'hui le pays le plus endetté du monde et personne ne
lui en tient rigueur - mieux, il se désendette partiellement en dévaluant le
dollar par épisodes... Ici, bien au contraire, ils ont choisi l'euro stable
par le haut, la monnaie de l'économie immobile et de l'injustice contre la
vie des populations : la monnaie et les finances contre l'innovation de
nouvelles productions ou services, et même contre le commerce de leur propre
libéralisme (international - l'euro est trop cher pour payer le travail
comme pour vendre les produits) et maintenant que l'Europe vogue en
récession accélérée (l'Allemagne n'est pas davantage en forme), avec le
concours de la bienveillante autorité européenne de monsieur Trichet
Euro-argentier nommé sous monsieur Chirac, un des acteurs du scandale local
et international du Crédit Lyonnais sous Mitterand (Beregovoy ministre des
finances; Charasse ministre du budget aujourd'hui gérant l'argent de la
Fondation Mitterand)- cette dette d'une banque semi publique des grands flux
financiers que tous les petits comptes durent payer en partie, c'est dire si
les alliances transpolitiques sont solides - , ils ne s'en démettront pas
d'un yota. Ils attendront que nous en "crevions" tous ou que nous nous
détruisions civilement entre nous, ou que nous partions tous en émeute, et
ils réprimeront sauvagement après avoir contrôlé chacun de nos échanges...

L'entêtement anti-républicain et les réformes contre électorales du pouvoir
français, bénies par la gauche soumise qui court à la soupe européenne (le
vote pour l'harmonisation de la constitution française avec la constitution
européenne ont anticipé la décision populaire), ne nous protègent plus
d'aucun abus politique ni social, ni d'aucune répression arbitraire.

Quand SOS racisme théoriquement du côté du peuple républicain ne trouve rien
de mieux qu'aller réclamer davantage de lois répressives et de les passer à
l'acte du côté de la LEN - comme Hollande dans la même problématique que le
pouvoir anti-républicain de modifier la constitution avant le référendum,
tout cela montre que nous avons déjà franchi le pas au-delà duquel se taire
devient complice.

Telle est l'Europe financière du pouvoir que l'on nous propose, à l'image de
ce que la France est devenue en deux ans après un plebiscite un an avant,
depuis le début de l'affaire Jupé, la concentration de la Presse par
les marchands d'armes, la communication n'étant plus devenue qu'une
stratégie de la désinformation scrupuleusement étudiée, toute la
communication populaire et même privée étant contrôlée (limitation policière
d'Internet via les centres de serveurs, face à la spécialisation onéreuse de
la Poste), le rôle étrange du Baron de Seillières (appelé à une haute
fonction européenne - lui succède au MEDEF un monsieur de Castries),
l'alliance de Chirac avec Berlusconi... pour le meilleur (l'argent et les
échanges entre lobbies) et pour le pire (l'abus du droit modifié
opportunément contre les libertés acquises des lois - mépris des lois au nom
duquel elles sont citées ; la fin du dispositif de la diversité républicaine
et des opinions, et la fin du pacte électoral symbolique) etc.

Quand on en est déjà à ce point, on ne le met plus sur le dos de la
globalité : on agit localement et en urgence.

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2. La lettre de Fred Vargas aujourd'hui.


----- Original Message ----- 
From: "Soutien" <soutien.battisti.paris@wanadoo.fr>
To: "COMITE PARIS" <soutien.battisti.paris@wanadoo.fr>
Sent: Sunday, March 13, 2005 4:22 PM
Subject: Fred : vos mails et les flics


Une amie ((...), des comités de soutien) m'en prévient, mais j'ai eu de
mon côté maintes occasions de le vérifier sûrement : mes mails sont tous
lus, évidemment, tous retenus par les flics qui ne me lâchent pas, 24h/24h,
et pas seulement par vois électronique. Je vous les envoie et ils vous
arrivent, parfois avec retard.
Mais en revanche, les vôtres, tous retenus, ne me parviennent pas : tous
retenus par les flics, tous fichés. Cela leur permet aussi de nous couper
les uns des autres. Cela leur permet enfin, lorsque j'organise des rdv
politiques, de me bloquer les réponses de sorte que, dans l'ignorance, je
manque le rdv crucial. Et ainsi de suite. Ils ne laissent passer que les
mails familiaux et amicaux sans rapport avec Battisti. Tout le reste est
détourné. Sachez donc que, depuis au moins deux mois, je n'ai pas reçu un
seul mail des comités de soutien, alors que je sais que des dizaines
devaient me parvenir. Pour le reste, la boîte marche normalement. C'est
notre pays qui ne marche plus normalement, c'est peu de le dire.

A vous tous,
(...)

============================

3. La suite de la défense pour Battisti


Ce mail précédent est de Fred Vargasn réponse à un message que je lui
ai laissé depuis une ligne téléphonique "x", car elle envoyait au réseau
"soutien" des mails qui apparemment nous arrivaient quoique décalés, des
mails auxquels, à les lire, personne ne lui répondait malgré ses demandes
répétées de lui répondre... et pourtant que de réponses je lui envoyai - et
les autres - en vain ! Force fut alors de constater qu'elle n'en recevait
aucun quant à elle. Cela s'est passé chez : wanadoo.fr.

C'est la LEN et/ou les Accords de Schengen, d'après vous ?

Je me demande soudain si d'autres de mes interlocuteurs habituels ne
seraient pas déjà trouvés à ne pas avoir reçu des mails que je leur avais
envoyés... et vous ? Il n'y en avait pas eu pour réclamer un filtrage
d'Internet par Etat - récemment ? SOS racisme lui-même ?

Battisti n'est pas antisémite:)

Battisti n'a pas tué - il l'a solemnellement déclaré sans faire de délation
à propos d'autres criminels supposés. Celui qui a tué, a probablement
disparu de la circulation aujourd'hui même, parce que l'affaire Battisti,
tout de même ça sent le brulé, d'autant plus que Persichetti n'est toujours
pas vraiment libre, bien que relaxé d'un crime que'il n'avait pas commis.
Quant à Sofri : que dire de l'affreuse affaire contre Sofri que sous
l'influence d'une juge française, au plein moment de l'influence Italienne
au gouvernement européen, même la cour européenne des droits de l'homme a
débouté de son appel !

Donc Battisti, ça sent le brûlé car c'est l'insoumis qui se bat à travers
ceux qui l'aident, sachant que certains de ses amis déjà ne le peuvent plus
pour eux-mêmes, et donc s'il gagne sa liberté, les raisons de ne pas leur
rendre la leur deviendront caduques. Et c'est bien le problème... pour
l'italie : combien devront sortir de prison qui y entrèrent sur de mauvais
procès ?

Je prends sur moi de porter cette info à votre connaissance car je pense
qu'il fauit maintenant lever la loi du silence face à la répression qui se
lève contre ceux qui avancent en recherche :

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4. ÉLÉMENT NOUVEAU :
CESARE BATTISTI NON INFORMÉ DES PROCÉDURES À SON ENCONTRE


1. Faux et usage de faux lors des procès italiens

Dans son arrêt du 30 juin 2004 favorable à l¹extradition, la cour d¹appel de
Paris a fait valoir que Cesare Battisti avait été informé des procédures
pour homicides intentées contre lui en son absence en Italie de 1982 à 1990,
et avait nommé une défense ad hoc. Selon la cour, c¹est donc volontairement
que C. Battisti se serait soustrait à la justice de son pays. C¹est cet
unique motif du « renoncement à son droit à comparaître de manière non
équivoque », qui a justifié la décision de la cour d¹exclure C. Battisti du
droit des condamnés par contumace et de le remettre aux autorités italiennes
pour purger directement une peine de perpétuité.
La justice française s¹est basée sur les preuves que lui a fournies la
justice italienne : il s¹agit, à l¹exclusion de tout autre élément, de trois
lettres de C. Battisti, du 10 mai 1982, du 12 juillet 1982 et du 19 février
1990. Les deux premières lettres sont des mandats rédigés en termes très
généraux, désignant Me Pelazza et Me Fuga pour la défense, adressées l¹une
au tribunal d¹Udine, l¹autre au tribunal de Milan. La troisième lettre,
dactylographiée, transmise par Me Pelazza à la cour d¹assises d¹appel de
Milan, lui confirme sa désignation dans le cadre de la procédure «R.G. 86/89
» et lui donne mandat pour se former en cassation contre l¹arrêt de la cour
du 16 février 1990.
Selon le Garde des Sceaux (mémoire au Conseil d¹Etat, 20 décembre 2004),
l¹envoi des deux lettres de 1982 est en « relation directe avec les meurtres
notamment de M. Santoro et de M. Campagna », ces procédures commençant alors
à être diligentées. Ces dates « attestent » donc, selon le ministre, que C.
Battisti « avait bien connaissance des procédures pénales alors menées à son
encontre ». Concernant la lettre dite de 1990, toujours selon le Garde des
Sceaux, « sa précision atteste à l¹évidence du degré élevé de connaissance
par le requérant de l¹état d¹avancement de la procédure pénale [S] et de
l¹étroitesse de ses liens avec ses conseils nonobstant l¹éloignement
géographique ».
Une expertise a permis de prouver que ces trois lettres sont des faux.

Avant son départ d¹Italie à l¹automne 1981, alors qu¹aucune accusation pour
homicide n¹existait contre lui, C. Battisti laissa à ses camarades des
feuilles de papier en blanc signées de sa main, en cas de procès pour son
évasion. Ce sont ces blancs seings qui furent « complétés » et utilisés par
trois fois en justice par d¹autres mains en 1982 et en 1990.

Il est en effet constaté que les signatures qui figurent sur les trois
lettres produites sont quasiment identiques, et apposées au même emplacement
sur les feuilles, comme effectuées les unes après les autres. Le graphologue
consulté, expert auprès de la Cour, atteste en effet que ces trois
signatures ont été exécutées « dans le même temps »  et que cela « ne fait
aucun doute ». Il est ainsi établi que le texte de la lettre de 1990 a été
dactylographié sur une feuille blanche au-dessus d¹une signature antérieure
de huit ans, qui fut exécutée en même temps que celles figurant sur les
lettres dites de 1982. En outre, cette lettre que, selon le Garde des
Sceaux, C. Battisti fait parvenir au greffe par l¹intermédiaire de son
avocat « alors qu¹il se trouve en fuite au Mexique », est sans enveloppe.
Il est également prouvé que rien ne permet de dater les envois dits de 1982
: l¹expert atteste que la date du 10 mai 1982 est comme « rajoutée » sur le
document, en bas à gauche, et « paraît bien avoir été écrite par une autre
main ». L¹écriture de l¹enveloppe d¹envoi au parquet d¹Udine, en lettres
majuscules, est de même qualifiée de « suspecte » par l¹expert et paraît
bien ne pas être l¹¦uvre de C. Battisti. La lettre dite du « 12 juillet 1982
» n¹est pas datée, et ne porte pas le cachet de réception du tribunal de
Milan. La date qui lui a été arbitrairement attribuée est celle du timbre
postal figurant sur l¹enveloppe : or celle-ci est dactylographiée et rien ne
permet de l¹attribuer au courrier.[1]
Dans le cas où l¹expertise graphologique serait contestée, il sera aisé de
démontrer par une analyse chimique des encres et des papiers originaux,
actuellement en possession de la justice italienne, que ces documents sont
des faux indiscutables.

Ces falsifications démontrent que ce n¹est pas C. Battisti qui a établi les
deux mandats en 1982, ni dactylographié la demande de pourvoi en cassation
de 1990. Or ils sont l¹unique élément fourni par la justice italienne pour
affirmer que C. Battisti avait eu connaissance des procès intentés contre
lui. Ils sont également l¹unique motif de la justice française pour
justifier son extradition. Le Conseil d¹Etat en est informé par le mémoire
en réplique de Me Lyon-Caen.

2. Cour Européenne des Droits de l¹Homme

Le fait que C. Battisti n¹ait pas été informé des procédures à son encontre
rend son cas similaire à celui de Sejdovic, condamné italien in abstentia,
sur lequel la CEDH a récemment statué dans son arrêt du 10 novembre 2004,
approuvant la décision de non extradition prononcée par l¹Allemagne. La CEDH
a fait savoir à cette occasion que de futures demandes en ce sens seraient
fondées à être examinées. On sait aussi que la CEDH, dans le cas où le
Conseil d¹Etat français n¹annulerait pas la décision d¹extradition, traitera
le cas Battisti dans des délais très courts, au cours des quelques mois qui
suivront la décision française, rendant très probablement un avis contraire
à celui de la France.

3. Innocence et nature douteuse des accusations

C. Battisti a toujours déclaré n¹avoir « jamais levé son arme contre un
homme ou une femme » et n¹avoir pas commis les crimes pour lesquels il fut
condamné. « Je n¹ai jamais tué, et je peux le dire les yeux dans les yeux
aux parents des victimes, aux magistrats. » (Journal du dimanche, 8 août
2004). Il décida de rompre avec la lutte armée en apprenant l¹assassinat
d¹Aldo Moro par les Brigades Rouges en mai 1978, soit avant les quatre
homicides commis par le groupe des PAC, qui s¹échelonnent de juin 1978 à
avril 1979. La nature de l¹accusation qui fut portée contre lui en son
absence, oblige à tenir compte de ses déclarations d¹innocence.
En effet, aucune preuve matérielle ni aucun indice ne furent jamais fournis
à son encontre. Il ne fut condamné, pour chacun des quatre homicides
incriminés, que sur la foi de témoignages et de déclarations de « repentis »
complices ou auteurs de ces crimes. Le statut de « repenti » (accusé reconnu
coupable, devenant accusateur) et non pas de témoin véritable, et l¹intérêt
à bénéficier de ce statut, se mesurent à l¹allègement des peines qui furent
infligées aux membres de l¹organisation déclarés coupables : Pietro Mutti,
principal accusateur, fondateur, chef du groupe et meurtrier, se déchargea
de tous ses crimes sur C. Battisti : il ne fut condamné qu¹à 9 ans de
réclusion. Le statut de repenti des accusateurs est également prouvé par les
faits criminels.[2]
.
4. Conclusions

Avec l¹établissement des faux rien ne prouve désormais que C. Battisti fut
informé des procédures intentées contre lui. Ce fait nouveau remet en
question le bien fondé de la décision française. La législation française en
matière de contumace s¹applique ici pleinement, selon laquelle un condamné
en son absence ne peut pas être incarcéré sans avoir bénéficié d¹un procès
en sa présence, ni extradé vers un pays où ce procès lui est refusé.

Il résulte en outre de la nature des accusations et de la parole suspecte
des repentis bénéficiaires une remise en question du bien fondé des
condamnations et une présomption d¹innocence pour C. Battisti.
Tous les éléments du procès contre C. Battisti convergent vers
l¹établissement d¹une erreur judiciaire certaine.

[1] Expertise graphologique jointe au mémoire en réplique déposé par Me
Lyon-Caen devant le Conseil d¹Etat, janvier 2005.

[2] Homicide Santoro : Mutti, accusé de l¹exécution, s¹innocente de ce crime
sur Battisti ; homicide Sabbadin : exécuté par Giacomin et Mutti, Mutti s¹en
décharge sur Battisti, mais une contradiction de date l¹oblige à revenir sur
son accusation ; homicide Torregiani : exécuté par Grimaldi, Memeo, Masala
et Fatone, identifiés et condamnés ; organisation  de l¹action chez Mutti,
mais Mutti s¹en décharge sur Battisti ; homicide Campagna : attribué à
Battisti par Mutti.

================================


5. Se remobiliser pour Battisti et les réfugiés politiques pour nos propres
droits contre EU Big Brother



De tout cela le gouvernement informé n'a rien fait mieux, il a envoyé un
"commissaire du gouvernement" dont monsieur Dassault nous dit à travers
l'AFP que ce commissaire "de" n'était pas en fait "pour représenter le
gouvernement mais pour dire la loi" : MAIS DE QUI SE MOQUE T'ON ? Est ce le
gouvernement qui dit la loi ou nul n'est-il censé l'ignorer en démocratie ?
Encore moins le système judicaire lui-même - juges et avocats ?! et leurs
réfrérences d'expertises !!!

Ce commissaire de monsieur Perben a nié les faits nouveaux, persistant et
signant dans un entêtement d'erreur judiciaire, volontairement accusateur au
nom d'un marché inconnu - mais clairement préjudiciable non seulement à
Battisti mais à nos propres droits (à constater les effets). Aucune nouvelle
pièce du gouvernement italien ne sera plus jamais crédible.

J'ai vu, de mes propres yeux comme les juges, les dossiers mis en
circulation dans la salle par les avocats avec l'accord des juges, lors
d'une des nombreuses séances de ce procès, des documents envoyés  par le
gouvernement italien où des lignes entières avaient disparu, n'en restaient
que des espaces blancs !

Maintenant il faut répéter qu'un accord solidaire entre les anciens
militants les autorisaient réciproquement à ce que ceux qui resteraient sur
place pourraient charger ceux qui ayant réussi à s'enfuir auraient trouvé un
droit d'asile à l'étranger.

La question appelle une réponse très simple : tant que le refuge politique
local est admis et respecté internationalement, dès lors qu'il ne s'agit pas
de crimes contre l'humanité - et je le dis pour d'autres réfugiés italiens
qui pourraient avoir des dossiers lourds mais n'étant évidemment pas des
crimes contre l'humanité (à tort ou à raison) sans pouvoir procurer de
contre preuves -, alors le pacte de réciprocité tolérée est admissible.

Mais dès lors que le droit d'asile est bafoué, alors le pacte de réciprocité
est retourné. Non que les accusés deviennent comme les repentis à leur tour
des accusateurs contre ces derniers, mais du moins faire la preuve qu'ils ne
sont pas les auteurs des crimes, car cela fait partie des droits de l'homme
que de pouvoir prouver que l'on est pas coupable, et cela mettrait-il en
risque les repentis.

Plus : après tous ces faux procès, cette délation provoquée par la justice
et la police italienne aux prix de faux documents, de fausses déclarations,
de fausses preuves, et de disparition de preuves ou pièces à conviction (par
exemple l'arme du dossier Sofri, après la répétition et la lenteur des
procédures (la police s'en expliqua ainsi), curieusement avait étrangement
disparu, mais ce ne fut pas une raison suffisante pour que la Cour
européenne ne débouta pas Sofri de son appel) tout cela est devenu
parfaitement scandaleux.

Nous savons tous aujourd'hui que plusieurs responsables des meurtres commis
dans ces années de guerre civile, sont des repentis en liberté, il n'y en a
certainement pas moins que de faux accusés emprisonnés. Alors il est temps
que tout cela cesse.

C'est l'Europe qui se joue abusivement depuis l'affaire Sofri. Même si un
autre juge débouta la demande italienne pour un réfugié en allemagne sur une
affaire criminelle mafieuse, il reste que personne ne peut parier sur la
meilleure attitude possible de la cour européenne sans une mobilisation
populaire importante pour Battisti. Car ce n'est pas sur une affaire
politique que le gouvernement italien a été débouté comme cela aurait été
autrement le cas pour Sofri, justement pas, mais sur une affaire simplement
criminelle, et ce n'est pas par hasard : l'Europe cautionne le gouvernement
nourri de fascisme de Berlusconi ! Au point que le gouvernement Berlusconi a
pu et peut encore gouverner l'Europe et y modifier des lois.

Je l'avais toujours dit : du sort de Battisti dépend non seulement celui des
autres réfugiés italiens mais encore celui des emprisonnés politiques en
italie, et le sort de nos propres droits en France. Et l'affaire Battisti
nous en révèle de plus en plus sur la france européenne, et le mauvais pacte
de l'apolitisme de la constitution qui nous est proposée, pour nous faire
gouverner loin du suffrage universel.

A chaque étape des procédures, il se dévoile un peu plus du contexte en
progrès désastreux, cela sert d'échelle et de référence au prix sur la tête
d'un homme que des pouvoirs ne voulant pas perdre la face sont capables de
déployer contre leurs peuples, en les désinformant et en les trompant sur
leurs propres libertés, en promulgant des lois opportunistes à l'instant
même des situations où elles doivent s'appliquer !

De même que le silence respectueux avant le procès en cour d'Etat n'a mené
qu'au renforcement de l'activité de division et de contrôles policiers dans
le réseau de soutien, de même, gagner sur les salaires sans sauver nos
libertés est une illusion : rien ne pourra être sauvé même si nous sommes
nombreux ; car c'est le pacte symbolique sur nos droits qui lui seul peut
nous redonner force représeentative. Sinon, ce sera réaliser la société de
Big Brother, vendre son âme au diable pour le pire à venir, croyant avoir
gagné l'essentiel en obtenant le minimum.

Il faut se remobiliser et mobiliser d'urgence sur l'affaire Battisti, parce
que c'est aussi important localement en France que les autres luttes plus
massives - et les renforce vers une autre Europe qui asccepte la diversité
des cultures, des lois, des normes et des économies - et la préservation des
ecosystèmes vitaux dans le cadre des libertés acquises depuis la révolution
de 1789 dont nous refusons de nous faire désemparer : dont le vote qui est
aussi et d'abord d'avoir le droit de penser non et de le dire non, et que le
non l'emporte.

Personnellement je commence par dire NON aux extraditions. Qu'est-ce qu'on
fait ? on recommence à signer - on débat, on se rassemble on informe ? on
manifeste - on va suivre les manifestations en se faisant intégrer sur cette
cause ?

Il faut en appeler à tous pour informer d'une opinion mobilisée avant le
rendu du jugement du conseil d'Etat - que ce jugement même négatif ne s'en
porte pas bien - et sait-on jamais ?

L.




 
 
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