Zarana Papic on Tue, 25 May 1999 13:45:51 +0200


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Syndicate: Monténégro : La fin de l'illusion yougoslave ( Monitor), 14-05-99 *]


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Subject: Monténégro : La fin de l'illusion yougoslave (Monitor),
14-05-99 *
Date: Mon, 24 May 1999 19:22:01 +0100
From: Le Courrier des Balkans <cbalkan@cg.yu>
To: balkans@cru.fr

MILKA TADIC
MONITOR
14 mai 1999
(traduit par Jasna Tatar)

LE MONTENEGRO ET LA FIN DE L'ILLUSION YOUGOSLAVE

Ne faudrait-il, après tout, négocier avec Milosevic ? Lui donner la
main, s'asseoir à table avec lui et signer la paix ? Cela ne semble plus
tout à fait aussi simple. Aujourd'hui, Milosevic ne peut plus justifier
les crimes au Kosovo par la folie de Radovan Karadzic ou le tempérament
de Ratko Mladic. Au Kosovo, le leader yougoslave est le commandant
suprême des forces armées et ne peut plus se réfugier derrière une autre
personne. Le Tribunal de La Haye collecte des preuves pour dresser un
acte d'accusation contre lui, tandis que les organisation les plus
connues de défense des droits de l'homme préviennent qu'on ne doit plus
négocier avec Milosevic. Ce serait la défaite morale de l'Occident.  Si
une Serbie détruite, mais toujours conduite par Milosevic, résultait des
bombardement, il serait impossible de justifier la guerre par des
objectifs humanitaires, même si le Kosovo était placé sous la protection
de forces militaires et politiques internationales. Une nouvelle
catastrophe éclaterait alors en Serbie même, en Voïvodine, et  peut-être
au Monténégro. Seuls, le début d?un processus de dénazification, la
punition de ceux qui ont commis des crimes et un nouveau plan Marshall
pourraient pacifier cette région. Tout cela est impossible tant que
Milosevic demeure au pouvoir en Serbie. Clinton et Blair se sont
clairement prononcé : si Milosevic reste au pouvoir, il n'y aura pas
d'aide occidentale pour reconstruire la Serbie. « Si Milosevic reste au
pouvoir, la décomposition de la Yougoslavie est inévitable », déclarait
récemment, le président du Monténégro Milo Djukanovic. L?indépendance du
Monténégro est finalement devenue une question légitime pour l'Occident,
même si cette perspective était rejetée catégoriquement il y a très peu
de temps. Lorsque l'Occident considérait  Milosevic comme un partenaire
et la Fédération yougoslave comme un facteur de stabilité dans la
région,  le « sécessionnisme » monténégrin paraissait dangereux et
indésirable. Cependant, le rythme des événement s?est accéléré ces
derniers jours. Il serait temps que les autorités monténégrines s'en
rendent compte. Insister sur le maintien du statu quo, typique de la
politique du DPS, le pilier de la coalition au pouvoir, perd tout
fondement réel et pourrait même se révéler très dangereux. La
redéfinition du statut juridique et étatique du Monténégro est une
question prioritaire pour le pouvoir actuel, qui devrait l?aborder, et
préparer le peuple à une alternative. En effet, non seulement la
fédération ne fonctionne pas, mais toutes les institutions fédérales -
du gouvernement fédéral à l?Armée yougoslave - se sont mises à tenter de
soumettre le Monténégro et ses organes civils de pouvoir. Le maintien de
Milosevic au pouvoir, le maintien de son appareil de guerre, de l?armée
et des formations paramilitaires, le maintien d'un régime qui fait de
Seselj et d?Arkan des héros nationaux, pourrait demain transformer le
Monténégro en un nouveau Kosovo. Ce régime a déjà des plans dangereux de
fermeture et de déstabilisation du Monténégro. On évoque déjà la
perspective que la Troisième armée, après qu'on ait forcé Milosevic a se
retirer du Kosovo, pourrait se repositionner au Monténégro. Ce serait le
commencement d'une nouvelle guerre. Un moratoire des rapports avec
Belgrade, la reprise en main de l?Armée, le contrôle de la frontière
nord du Monténégro, par laquelle pourraient passer les guerriers déçus
de Milosevic, sont des démarches à propos desquelles le Parlement
monténégrin devrait statuer de manière urgente. Sinon, le dictateur
serbe blessé risque de nous engloutir tous. Même si Milosevic abandonne
le pouvoir, le Monténégro n'a aucune raison de rester dans une
communauté qui s'est révélée inefficace. La Serbie détruite doit se
confronter seule à son destin. De même qu?il n'y avait aucune raison à
ce que les Monténégrins fassent la guerre pour le Kosovo et pour les
projets d?Etat ethnique de Milosevic, il serait déraisonnable de
demeurer partie prenante d?un Etat isolé, économiquement et
politiquement détruit. Ce serait irresponsable envers une population qui
a voté, aux dernières élections, pour les reformes et non pas pour la
guerre. Si le Monténégro proclamait l?indépendance, il pourrait assurer
son salut. S'il reste dans une communauté avec Belgrade, il compromet
son avenir et n'aide pas, non plus, la Serbie. Il est clair que la
Serbie ne peut être sauvée que par une aide économique et politique de
ceux qui la bombardent aujourd'hui. En supposant, bien sûr, que les gens
qui souhaitent ce salut viennent au pouvoir.

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