Louise Desrenards on Wed, 19 Mar 2008 01:48:09 +0100 (CET)


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[nettime-fr] Lettre ouverte à propos de la couronne d'épine de l'art -- je parle des muses évidemment


Il y a un an, le 6 mars, Jean Baudrillard nous quittait. J'ai vu au salon du livre que Sens & Tonka avaient réédité beaucoup de ses textes activistes fondateurs, un livre par texte, avec des typos de bon corps donc enfin bien lisibles et des couvertures claquant comme des flyers. dont le fameux "A l'ombre des majorités silencieuses" le plus prédictif de ce qui nous arrive électoralement parlant, à mes yeux. Superbes textes encore vivants de sens pour qui est dans la révolution permanente.

Aujourd'hui, 19 mars 2008, -- demain j'ai un an de plus -- je viens de lire un édito d'un éminent éditorialiste-- dans Paris Art -- qui se pique d'écrire "L'art de fil en aiguille" sur le fémininsme à propos de la passementerie (pas d'incompatibilité entre féminisme et passementerie sauf pour certains hommes qui de toute évidence n'y connaissent rien en féminisme qu'à vouloir en juger, et tant pis pour eux s'ils outrepassent l'analogie critique par la métaphore idéologique:)) et il me gène tellement qu'un homme important de nos médias numériques parigo-nationaux clientèlistes sur l'art et la culture médite avec une certaine fatuité se voulant délicate sur le temps passé, encore plus sur les voiles intimes des femmes et la façade qu'elles en offrent, qu'en cette année commémorative des années insurrestionnelles il m'ait de nouveau mise en colère... alors que je souhaitais rester sage.

En 1970 nous n'étions pas ringardes, Monsieur, nous étions brillantes. Il en reste. Quant à vous seriez-vous ringard et racoleur en 2008 -- je n'oserais pas vous traiter d'attardé -- ?

Si bien que je me souviens soudain d'un édito dans le même média, à propos du Complot de l'art, peu après la mort de Jean Baudrillard, du coup j'adresse cette lettre ouverte à l'éditorialiste, n'étant pas certaine qu'elle soit publiée en réponse dans ledit support :


Cher éditorialiste de Paris Art,

Je vous appréciais sans réserve dans votre pragmatisme implacable, certes bourru et donc sans mesquinnerie (je ne dis pas sans subtilité mais le laisse en suspens, à chacun de faire son choix), jusqu'à un certain edito comme commandité par quelque intérêt, vu son opportunité de circonstance (je ne pense pas que Paris Art soit autant indépendant que le logiciel libre même s'il est gratuit d'accès), tant il paraissait soumis à un effet de causes coucourrantes d'actions diverses inspirées par un sale ouvrage et l requête d'un ouvrage ignorant l'essai (intégrisme hétérophobe et intégrisme réductionniste et non relatifs avec tournure diffamante à l'égard de Jean Baudrillard jusque dans l'article à son nom sur wikipédia.fr qu'il en restât sanctuaire... (ce sera comme la tombe de Morrison -- pour sa gloire;-)...

Cependant, tout au contraire, Oublier Foucault contre les formes de pouvoir académique avait été rétabli depuis longtemps dans la même encyclopédie à la page de Michel Foucault, et sans commentaire dès la mort de Baudrillard, dans la bibliographie de Foucault par ses proches l'ayant supervisée, , auquel en réalité et entre autre ce texte rend un hommage critique -- montrant la hauteur du gant et celle du défi à ramasser...

Gloire à la France des corbeaux charognards face à l'article anglophone semblable à ceux des bibliothèques accessibles des grandes universités américaines aujourd'hui et depuis la mort de Jean -- dont nous sommes les frères, dirait Baudelaire -- lui rendant hommage sans servilité... C'était peu de temps après sa mort il y a un an - à deux semaines d'ici....

Édito de 2007 -- cité bien en place dans ledit article de fr.wikipédia par les mêmes vandalisé et que des internautes objectifs allèrent encore nettoyer il y a peu de temps -- qui ne paraissait pas à la hauteur d'avoir maitrisé la lecture du corpus de référence dans son contexte général de l'oeuvre, ni particulier de l'ouvrage : c'est-à-dire, qu'en outre d'avoir exclu la réserve du symbolique -- le symbolique et la perte du symbolique posant la quête de la réversibilité dans l'oeuvre de Baudrillard -- vos hypothèses auraient ignoré l'inscription critique de l'histoire de l'art, au terme de l'évolution sociale et économique des formes modernes -- par exemple atterissant dans le déploiement de la marchandise et explosant dans l'univers des signes (langages iconographiques et médias) dans la société de l'argent... supposée connue par ceux qui pensent de l'art contemporain (rien qu'à avoir lu Faure ou Malraux et à citer Debord, à défaut de ne pas connaître encore Michaud et Jouennais) . Il ne se prend pas de vérité il se prend de matérialisme historique et d'économie politique radicale -- quand il faut célébrer qu'ils n'ont plus de consensus dans le système ssocial. Vive le complot de l'art ! -- et j'en fais.

Bon, je suis maintenant autrement attentive à vos éditos, avec une petite méfiance critique a priori. Revoyez tout de même votre Agamben sur la marchandise absolue, ça vous permettra de comprendre un peu Baudrillard, et votre Klossovski sur la monnaie vivante, ça ne vous rendra pas le Bataille impénétrable -- et le tout ne déplaira pas à vos soutiens.

Pour réhausser les passages racoleurs criant l'évidence sur les femmes battues point n'était besoin de vous mettre en jupon ni de tri-juponner votre texte en ramassant tous les fils qui traînent non loin de votre nid, je ne pouvais pour autant vous prendre pour ma compagne -- en admettant que je sois ou fus capable d'aimer les femmes : oui -- ni pour ma mère (je sais qu'elle est morte)... Quant à ma soeur elle aurait eu soudain de bien grandes dents...

Car voyez-vous dans les années 70, si un mec cassait la figure à sa femme les féministes ne rataient pas les dents du mec (ni ses "couilles") à coup de barre, de celle que vous ne pourriez imaginer -- et en général ça s'arrêtait tout de suite... de sorte que oui : le S&M et le populisme des caïds du hip hop objectivant et ne respectant pas les femmes contre le Raï de l'amour tué dans l'oeuf, n'ayant pas signé le retour de l'ordre machiste entre hétéros et entre homos à l'époque (du Raï), finalement des mecs qui battaient violaient ou tuaient leurs femmes sauf les mafieux et les proxénètes il n'y en avait pas tant que ça.. à commencer par le hola des voisins qui à l'écoute déposaient des plaintes -- alors qu'aujourd'hui ils ont peur (peut-être à juste titre vu leur solitude).

Ce qui s'est passé aussi c'est que des femmes féministes accédant au pouvoir professionnel ou institutionnel ont laissé à leurs pertes et profits le féminisme des autres ;-) ce fut un peu la même chose dans les groupes hétéropolitiques, nous vîmes nos cadres au chateau ou lever le périscope de Libé, les autres de désespoir tomber et d'autres encore de désepoir ne pas désespérer d'en faire trop pour se venger,

Mais ne vous inquiétez pas quant au féminisme, ça revient, ça va revenir avec la même ringardise tel le féminisme des années 70 par vous qualifié, je le prédis et là qu'en direz-vous ?!

Pour les manifs c'était pareil, Charonne de sinistre mémoire n'avait pas été une manif défensive ; alors les manifs défensives furent les moins meurtrières pour les manifestants.. C'était je vous le concède une toute autre manière de raisonner, concevoir possible "l'autodéfense" même si ce n'était pas parfait... ça marchait pas mal;-) Le plus ringard fut de croire encore possible une révolution du pouvoir -- à défaut de prévoir l'opposé du contexte.

Que voulez vous, je voudrais bien être la reine de la passementerie fasse au relachement de vos propos pour les arrêter net sans que vous vous en rendiez compte -- vous qui dites sans ambage que Jean Baudrillard est bête vous êtes donc génial --- ce qui ne vous déplairait peut-être pas... tout dépend si vous êtes noir ou bleu, si je ne suis pas tendre, mais je ne suis qu'une brodeuse féministe donc pinailleuse capable de découdre vos coutures de fil blanc, et à part ça rien. Ou si peu.

Je ne vous adresse pas de rancune mais vous demande simplement de nous épargner de vos morceaux de bravoure pour la cause de notre genre. Celles d'entre nous qui auraient choisi mari ou amant n'ont pas besoin de vos épousailles. Les femmes qui auraient choisi les femmes -- et nous le sommes ou l'avons toutes été -- n'ont pas besoin davantage de vos mauvais réquisitoires paternalistes et putassiers.
http://www.paris-art.com/art/a_editos/d_edito/L-art-de-fil-en-aiguille-229.html

Elles sont assez grandes pour les énoncer à votre place et d'ailleurs vous aviez mille liens à citer plutôt qu'en faire votre exploit.

Saint éditorialiste, nous avons déjà assez de problèmes à résoudre, ne venez pas y mettre votre auréole d'organdi, vous nous donneriez des boutons de bonnetterie. Vous allez finir par ressembler à notre président en bonnet de nuit, et le convaincre de sauter du train, en chemise, pourvu que sa challenger de l'autre tour le tenant par la main d'un côté saute avec lui en palmes, et Carla à poil le tenant par la main de l'autre côté dans le même bond (seules les conséquences chagalliennes pourront vous racheter)..

Nous sommes soeurs de genre que nous soyons homos ou hétéros, quels que soient notre génération et nos pratiques -- et même transgenres :
tenez le pour vrai.

Merci d'avance.

Brodeuse cyberféministe non racolée non racoleuse : Louise des Renards-des Femmes soi-même (une suffit pour toutes et toutes pour une -- vous connaissez la référence des moustiqueresses)
Solidaireeeeeeeeeee...........


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