Alban Saporos on 1 Mar 2001 13:16:38 -0000


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[nettime-fr] Arts informatifs ? une interview de Clément Thomas par Alban Saporos


Arts informatifs ? Un monde qui pline
une interview de Clément Thomas par Alban Saporos

Alban Saporos : Clément Thomas, vous êtes artiste et Officer
Général de pavu.com. N'y a-t-il pas là une chaise de trop ?

Clément Thomas : Pour qui connait la musique, au jeu des
chaises tournantes, il n'y en a jamais de trop.

A_S : Dans votre "théorie ctgr", vous insistez sur votre conception
du Réseau comme monde réalisé et vous y avancez le terme
d'"arts informatifs". Pourtant, avec pavu.com, vous vous défendez
de faire de l'art ? Pouvez-vous expliciter  cette aberrance
contextuelle ? Pour paraphraser Marcel Duchamp, est-ce les
internautes qui font pavu.com ou est-ce l'inverse ?

C_T : Pavu.com ne pose pas l'art comme postulat de base à
son action.
Disons que nous travaillons dans le champ de l'art "par défaut",
simplement parce que ce que nous faisons n'a pas sa place
dans un autre domaine d'application (en gros, nous ne
fabriquons pas des vis ou des petites baguettes - enfin, pas
pour le moment).
Quant aux théories, ce sont des jeux de l'esprit qui fonctionnent
dans leur sphère propre. Fluctuations et fluxions en font la
saveur, et il n'est qu'à les considérer comme pure matière
informative pour en faire de bons upgrades.

A_S : Cher Clément Thomas, je suis ravi de vous voir partager le
concept des théories jetables mais que vous apporte le réseau
Internet qui soit si différent et si spécifique ?

C_T : Je suis partisan de l'usure naturelle des théories comme
des choses. Le dégagement d'énergie qui se produit lorsque
deux théories s'entrechoquent justifie à lui seul que l'on continue
à théoriser.
Quant à ce qu'Internet apporte ? Internet apporte Internet : à
savoir toutes les attitudes qui vont avec le réseau, les outils pour 
faire fonctionner l'ensemble et un bonus : la matière première
informative en quantité astronomique. Comme pour la lampe
d'Aladdin, pour extraire la moëlle, il suffit de savoir où frotter.
L'après contemporain pline déjà la prochaine route sur internet.

A_S : Marshall MacLuhan a promulgué en son temps une loi
célèbre selon laquelle "the medium is the message".
Croyez-vous qu'elle doive être aujourd'hui abrogée ?
Pour être plus concret, peut-on encore croire qu'un medium se
confond avec sa révélation et vice-versa, comme une statue avec
le marbre qui la constitue ? Comment vous accomodez-vous de
cette approche substantialiste ?

C_T : Je n'ai pas rencontré Mc Luhan mais je respecte son sens
de l'humour.
Dans la question que vous soulevez, ce qui compte, ce n'est pas
le marbre ou le medium, mais l'abrogation : le retrait.
L'arte Povera a prouvé que le marbre peut se passer de statue.
Avec Brandt sur Haffner, Bertrand Lavier a montré
astucieusement que le marbre peut lui même se passer de
marbre.
Mais que faire s'il n'y a rien à enlever ?
A pavu.com, nous préférons laisser l'Esclave de Michel Ange sur
le socle de Manzoni et nous concentrer sur notre projet : devenir
les maîtres du monde, et pour ce faire, nous commençons par
répondre au "Che Fare ?" de Mario Merz par : "Va bene !".

A_S : J'aimerais que l'on revienne sur les "arts informatifs".
Nous sommes là en présence d'un processus d'extraction qui
renvoit à ma question précédente. Mais extraction de quoi au
juste?

C_T : En gros, définir les art informatifs, cela revient à considérer
l'information comme un matériau brut, et à l'extraire sans tenir
compte de ce qu'elle prétend véhiculer. Par cette opération qui
fait appel à la technique des signaux, pavu.com pratique un
mouvement de recadrage sémantique qui permet de déplacer le
pôle en magnétisant la position. Et dans ce cas, on peut parler à
juste titre d'ingénierie artistique.

A_S : Informatif ou non, vous persistez pourtant à parler d'une
"position par défaut"...

C_T : L'information est faite de la même matière que les
songes. C'est LA matière propre aux grandes conquêtes. On ne
peut quand même pas toujours envisager la question de l'art
sous son angle oecuménique : il est tout aussi enrichissant, par
exemple, de lire Greenberg au café Belge en buvant des litres
de Grimbergen.

A_S : Comment vous accomodez-vous d'une époque comme la
nôtre où dominent sampling et flux tendus ? Ne craignez-vous
pas d'épuiser un filon sans garantie de médiatisation et de
rentabilité  ?

C_T : Tout se recycle, les arts informatifs n'échappent pas à la
règle.
Ce qui caractérise les arts informatifs peut tenir en un mot :
Plining. Le plining est la LA technologie de pavu.com; elle
recouvre l'ensemble des opérations de traitement de
l'information, du swifting (réactivité) au produit finalisé en
passant par le data-drilling (littéralement "forage de données").
Le plining implique upgrade et circulation des objets
informatifs et la popularité de nos produits prouve qu'ils sont
ouverts et adaptés aux besoins de nos clients et des
utilisateurs. De plus, tous nos produits sont garantis
open-boucle et copyGNou.

A_S : On peut donc parler d'une esthétique informative
entrepreneuriale ?

C_T : Je laisse volontier l'esthétique aux esthéticiennes. Mon
avis est que s'il se trouve quelqu'un pour créer une esthétique
de quoi que ce soit, alors cette esthétique existe. Les jugements
de valeur ne m'intéressent pas. A la fin, tout devient une
information exploitable et upgradable.

A_S : En physique comme en astrophysique, on parle de
"conditions initiales". Y a-t-il un Big Bang de l'informatif ?

C_T : Le Big Bang de l'informatif ? Peut-être le T.Clic ...

A_S : Cette dynamique vexatoire reste pourtant très abstraite
pour le quidam qui n'est pas connecté au réseau Internet, et
plus encore pour le consommateur qui n'y trouve pas de
satisfaction narcissique . Comment comptez-vous surmonter
cette difficulté ?

C_T : Pavu.com développe une politique de grands travaux qui
vise à une plus grande circulation des Objets Informatifs. Pour
cela, il fallait un marché d'un nouveau type et nous avons créé le
NELia*.
Nous n'oublions pas pour autant les filières traditionnelles, et un
pontage de type info-coronarien nous permettra très
prochainement de porter sur les marchés spécialisés une
gamme de consommables d'excellente facture, ce qui devrait
satisfaire les consommateurs qui n'ont pas encore franchi le
pas connectif.

A_S : Comment envisagez-vous l'avenir immédiat ?

C_T : Le développement du marché du NELia, bien sûr, est une
priorité.
pavu.com sera également présent dans différentes
manifestations d'envergure internationale dans les mois à venir.
Une école en ligne est également à l'étude.
mais ne gachons pas la surprise, vous en saurez plus dès
Demain...

A_S : Merci Clément Thomas d'avoir répondu à ces questions.
Un mot pour conclure ?

C_T : C'en est bien fini de la "demain tabula rasa gratis". Pour
pavu.com et les arts informatifs, il y a une chose que l'on peut
dire sans se tromper : " VA BENE !".

---

* Le NELia et les GNou Found Lands

Le NELia (New Eco Logic informative arts) a été créé par
pavu.com pour soutenir la création en ligne. En contrepartie de
l'hébergement en ligne de valeurs d'échanges nommées
Data-Heads (1 Data-Head = 6,96 Ko), il permet à tout un chacun
d'investir dans la création en ligne, de constituer des collections
d'Objets Informatifs et ce faisant de participer à la constitution et
au développement de territoires libres sur le Réseau, les GNou
Found Lands, pour éviter que l'espace serveur ne devienne le
monopole de sociétés de chasse sauvages.
Dans cette logique promotionnelle, le premier store du NELia fut
inauguré à l'automne 2000 sur "Shower - a new degree of What!"
suivi quelques mois plus tard d'un second sur "Black-Soap") -
avec pas moins de 30 stars internationales du Netart et plus de
130 Mixes et Movies téléchargeables.
Les institutions n'ont pas été en reste puisqu'à la même période
les Budgets 2001 des FRACs (Fonds Regionaux d'Art
Contemporain) étaient votés en Data-Heads afin de leur
permettre d'investir sur le NELia et de faire entrer dans leurs
collections une nouvelle génération d'artistes.

--
Quelques liens :

le Team pavu.com :
Paul Dupouy - Chief President
Jean Philippe Halgand - Executive Directeur
Clément Thomas - Officer Général
http://pavu.com - the next route plining !

GNou Found Lands Territory Desk Office : une introduction aux
territoires libres sur le réseau et au marché du NELia (New Eco
Logic informative arts) avec accès aux différents stores.
http://www.GNouFL.com 

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Votre YOU

Alban Saporos
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Alban Saporos
critique d'art et commissaire d'exposition.

"L'art a l'epreuve de l'information"
conseil aux artistes et licence de Systeme Nerveux Artistique.



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