Eric Maillet on Wed, 19 Apr 2000 10:59:45 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] Tr : Petits debats sur Echelon


De : Le Monde diplomatique <info-diplo@monde-diplomatique.fr>
À : "info-diplo" <info-diplo@london.monde-diplomatique.fr>
Objet : Petits debats sur Echelon
Date : Mar 18 avr 2000 16:20


     _________________________________________________________________

                 LE RENSEIGNEMENT AMÉRICAIN EN ACCUSATION

                        Petits débats sur Echelon

                             (18 avril 2000)


http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/echelon/

     S'exprimant à Bruxelles alors que son gouvernement préside l'Union
     européenne, le ministre portugais de l'intérieur, M. Fernando
     Gomes, affirme qu'il n'a « pas de doute sur l'existence d'un
     système d'interception des télécommunications ». Difficile en effet
     de continuer à se voiler la face quand l'ex-directeur de la CIA
     James Woolsey lui-même confirme l'« honnêteté intellectuelle » du
     rapport sur le système Echelon présenté au Parlement européen par
     le journaliste britannique Duncan Campbell.

     Echelon est le produit du pacte Ukusa, signé au tout début de la
     guerre froide par les Etats-Unis et le Royaume-Uni - qui furent
     rapidement rejoints par le Canada, l'Australie et la
     Nouvelle-Zélande. L'écoute et l'analyse routinières des
     conversations téléphoniques, fax et courriers électroniques
     permettent de rapporter vers la National Security Agency (NSA)
     américaine quantité d'informations, secrètes ou non, concernant
     l'ensemble des domaines d'intérêt stratégique : données
     économiques, stratégies des décideurs, milieux concernés par tel ou
     tel enjeu, etc.

     Au fil des découvertes se dessine une formidable machine de
     contrôle, secrète et d'une envergure fascinante (1). Au Parlement
     européen se posait une question centrale : les échanges de données
     pratiqués par les services de renseignements d'un pays membre de
     l'Union (les services britanniques principalement) peuvent-ils
     conduire à l'espionnage des citoyens et des entreprises européennes
     pour le compte de services américains ? A Washington, le Congrès
     s'interroge sur la surveillance par la NSA de citoyens américains -
     une pratique qui serait contraire à la Constitution. Qui espionne
     qui et au nom de quoi ?

     Mais la nature d'Echelon soulève aussi d'autres questions. Ce
     réseau est construit sur les « échanges » d'informations entre
     services de renseignements de différents pays. Echanges inégaux,
     bien sûr, les services alliés étant largement dépendants de la NSA
     (qui décide ce qu'elle prend dans les données collectées chez ses
     partenaires et choisit ce qu'elle leur répercute). Echanges
     systématiques, surtout, qui de plus peuvent se dérouler à l'insu
     des gouvernements concernés - comme a pu en témoigner l'ancien
     premier ministre néo-zélandais David Lange (2).

     Si bien souvent les militaires motivent leur coopération
     internationale par la « lutte contre le terrorisme », faut-il leur
     faire grâce d'une définition de ce terme ? Considérer, par exemple,
     que la collaboration du Bundesnachrichtendiest (BND) allemand avec
     le Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB) russe pour l'échange
     d'informations concernant les « terroristes tchétchènes » relève
     d'un très normal échange de bons procédés (3) ? Accepter sans débat
     le fait que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)
     française entretienne des contacts étroits avec la NSA depuis...
     les années 70, portant notamment sur des échanges de
     technologie (4) ?

     Les récentes révélations sur les agissements des services européens
     sont à rapprocher de l'arrogance avec laquelle l'ancien directeur
     de la CIA pointe, comme justification d'Echelon, la corruption
     pratiquée par les entreprises européennes pour conquérir les
     marchés extérieurs. L'Europe, qui pourrait à bon droit considérer
     Echelon comme une agression d'une gravité exceptionnelle, hésite à
     poursuivre ses investigations. Car elle pourrait alors se trouver
     confrontée à des questions identiques à celles qu'elle souhaite
     poser à la NSA. Conjuguées aux pressions britanniques, ces craintes
     ont eu raison du projet de création d'une commission d'enquête,
     repoussée le 13 avril 2000 par la conférence des présidents du
     Parlement européen.


                                                 PHILIPPE RIVIÈRE.
                              Philippe.Riviere@Monde-diplomatique.fr

     (1) Si fascinante que de nombreux mythes circulent à son sujet, et
     notamment, sur Internet, une « liste des mots-clés interceptés par
     Echelon ».

     (2) Dans sa préface au livre de Nicky Hager, Secret Power, New
     Zealand's Role in The International Spy Network, Craig Potton
     Publishing, Nelson, Nouvelle-Zélande, 1996.

     (3) Collaboration revendiquée par la partie russe et (faiblement)
     démentie par le porte-parole du BND (Libération, 14 avril
     2000). Rappelons que le dirigeant tchétchène Djokhar Doudaev fut
     abattu, en avril 1996, par une roquette probablement pointée sur...
     son téléphone satellitaire.
         http://www.liberation.fr/russie/

     (4) « Le secret embarras des Français au sujet d'Echelon »,
     Le Monde du renseignement, 16 mars 2000.




                         « Le Monde diplomatique »

     * « Le système Echelon », par Philippe Rivière, Manière de voir,
       n° 46, juillet-août 1999.
         http://www.monde-diplomatique.fr/mav/46/RIVIERE/m1.html

     * « Télésurveillance globale », par Paul Virilio, août 1999.
         http://www.monde-diplomatique.fr/1999/08/VIRILIO/12332.html

     * « Tous les Européens sur écoutes », par Ph. R., mars 1999.
         http://www.monde-diplomatique.fr/1999/03/RIVIERE/11768.html

     * « "Grandes oreilles" américaines », par Ph. R., mars 1999.
         http://www.monde-diplomatique.fr/1999/03/RIVIERE/11770.html



                                Sur la toile

     * IPTV. Le site personnel du journaliste Duncan Campbell, qui,
       depuis 1988, enquête sur Echelon.
         http://www.gn.apc.org/duncan/

     * EchelonWatch. Un site centralisant les informations sur
       Echelon, mis en place par des organisations de défense des
       libertés publiques américaines et européennes.
         http://www.echelonwatch.org/

     * StateWatch. Une base de données sur les dérives policières et
       militaires des Etats européens - et de l'Union.
         http://www.statewatch.org/

     * Telepolis. Un magazine sur Internet très informé sur les
       questions de surveillance (allemand et anglais).
         http://www.heise.de/tp/

     * National Security Agency. Le site officiel de la NSA décrit
       quelques-unes de ses activités.
         http://www.nsa.gov:8080/

     * National Security Archive. Ce groupe de chercheurs
       indépendants invoque la loi américaine sur l'accès aux
       informations publiques (Freedom of Information Act) et recense les
       documents « secret-défense » déclassifiés par les agences de
       renseignement des Etats-Unis.
         http://www.hfni.gsehd.gwu.edu/~nsarchiv/

     * Fédération des scientifiques américains. En 1945, les
       scientifiques américains qui ont produit la bombe atomique ont
       créé cette association pour analyser les questions de sécurité
       globale. Son conseil d'administration compte pas moins de 55 Prix
       Nobel.
         http://www.fas.org/

     * Cryptome. Né d'une « page personnelle », ce site est
       rapidement devenu l'un des centres de diffusion des informations
       les plus spécialisées concernant le renseignement et les
       technologies de surveillance.
         http://jya.com/crypto.htm


                                 Documents

     * James Woolsey, « Pourquoi l'Amérique espionne ses alliés »,
       The Wall Street Jounal Europe, 22 mars 2000. James Woolsey est
       un ancien directeur de la CIA. (Traduction Le Monde diplomatique.)
         http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/echelon/WOOLSEY/m2.html

     * Steve Wright, An Appraisal of Technologies of Political Control,
       Interim Study, STOA, Parlement européen, 19 janvier 1998.
         http://www.europarl.eu.int/dg4/stoa/en/publi/166499/execsum.htm

       Lire le texte intégral du rapport.
         http://cryptome.org/stoa-atpc.htm

     * Duncan Campbell, Interception Capabilities 2000. Development
       of Surveillance Technology and Risk of abuse of Economic
       Information, STOA, Parlement européen, PE 168 184, avril 1999.

http://www.iptvreports.mcmail.com/interception_capabilities_2000.htm


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